« Je suis celui qui souffre et qui s’est révolté ! » Arthur Rimbaud
Le mot révolte désigne, dans son acception courante un soulèvement - que l’on soit victime ou témoin - contre une autorité dans le but de la contester ou de la renverser. Elle est une expression spontanée de la liberté.
La révolte suppose donc une révélation, une prise de conscience à l’image de celle, progressive, de l’Agnès de L’École des femmes de Molière, qui découvre d’un acte à l’autre qu’Arnolphe la confine dans un état d’ignorance. Elle se révoltera contre sa tutelle tyrannique, désobéissant d’abord involontairement en recevant Horace puis volontairement en lui écrivant et en essayant de fuir avec lui. Ce qui engendre la révolte c’est cette nouvelle capacité de voir et d’agir tout à la fois : une révolte est d’abord un étonnement qui, plutôt que de laisser sans voix, conduit à un geste jusque-là réprimé par la peur. Mais quel est cet événement qui déclenche ce retournement ? Chez Molière ou dans Eugénie Grandet c’est la souffrance amoureuse qui provoque cette révolte.
Agnès et Eugénie découvrent que leur maître les opprime à partir du moment où elles tombent amoureuses d’Horace et de Charles. Cette souffrance initiatrice des révoltes se conjugue : faim, misère, humiliations, injustice, ignorance, enfermement. La révolte est d’abord fondée sur une émotion qui dessille.
Dossier initialement publié dans le numéro 35 des Mots du Cercle, mars-avril 2008.